La magie d'un monde en miniature

"Aussi, quand après avoir braqué l'optique sur la vue des Tuileries, du pont-Royal, du quai du Louvre, il a soumis sa planche à la vapeur mercurielle, quand cette image est sortie de l'appareil aussi pure, aussi vraie dans ses moindres détails que la nature elle même, un cri d'étonnement est parti de l'auditoire, et les applaudissements unanimes ont témoigné à l'ingénieux artiste l'admiration générale". (Alfred Donné - Feuilleton du Journal des Débats sur la divulgation du secret du daguerréotype - 1839).

Ce commentaire sur la première démonstration publique de Louis Daguerre, le 10 septembre 1839, souligne l'aspect spectaculaire et quelque peu magique de son invention. Si la technique photographique a rapidement évolué pour devenir presque une simple formalité, il n'en reste pas moins que la genèse d'une photographie est longtemps restée un enchantement (du moins jusqu'à ce qu'elle devienne numérique).
Dans son laboratoire, le photographe manipule les métaux précieux (l'argent, l'or, le platine) et de multiples ingrédients hautement symboliques (le soufre, le mercure, l'iode…) que l'on retrouve en toute logique dans l'antre des enchanteurs. Quant aux manuels de photographie, ils sont pour le profane aussi abscons que des grimoires de magie.
Rien d'étonnant que Daguerre fut, avant d'être ce merveilleux inventeur, un décorateur réputé (notamment pour Aladin et la lampe merveilleuse, à l'Opéra de Paris), et un magicien à sa manière avec l'invention du Diorama.
La photographie et la magie ont cela en commun qu'elles livrent une apparence sensible qui se donne pour une réalité. Un simulacre qui fait d'elles non une preuve mais une extension du réel.
Le spectacle des étoiles est sans aucun doute le sujet le plus vaste et le plus lointain qu'il soit possible de photographier depuis la terre. L'idée de faire entrer cet univers dans un studio de quelques mètres carrés, le photographier et rendre crédible les images ainsi produites par des procédés qui ont plus à voir avec Méliès qu'avec Photoshop, est à la base de la série STARS IN MY STUDIO.
Les épreuves réalisées d'après des négatifs de grand format, sont tirées par contact sur des papiers photographiques anciens qui leur donnent valeur de documents et par la même une aura d'authenticité. Comme face à un tour de passe-passe, le spectateur est abusé dans la mesure où il ne parvient pas à croire complètement à ce qu'il voit. Si certaines images paraissent tout à fait tangibles, d'autres semblent bien plus improbables, voire chimériques.

SOFT PLANETS (2012)

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